La comtesse était une nouvelle fois de sortie dans les rues de Shatter Bay, mais ce soir il n’était nullement question d’exploration de la cité ou encore de recherche d’un éventuel personnage intéressé par le jeu ; non, ce soir la comtesse avait faim et elle parcourrait les rues de la ville à la recherche d’une proie pouvant satisfaire sa soif. Afin d’être certaine de capter un maximum de regards masculins, et peut-être féminins qui sais, elle avait pris le temps pour choisir au mieux sa tenue avant de quitter la chambre de son hôtel. Elle avait porté une attention toute particulière à ce qu’elle allait revêtir, hésitant longuement avant de porter son choix sur une sublime robe noire, cette dernière lui laissait les épaules nues et était agrémentée d’un magnifique décolleté mettant le physique de la comtesse en valeur. Ajoutons à cela une paire de talons aiguilles noirs eux aussi, sa tenue était presque parfaite, ne manquait plus que quelques bijoux afin de la rendre encore plus irrésistible. Elle décida de passer un collier en argent rehaussé de quelques perles nacrées autour de son cou ainsi que quelques bagues sur lesquelles étaient sertis rubis et saphir. Elle opta pour un rouge à lèvre plutôt vif, contrastant avec la peau si pâle de son visage et ses cheveux si sombres. Une fois prête, elle quitta l’hôtel, son petit sac à main accroché à son épaule et prit la direction du centre-ville.
Malgré l’heure tardive, il y avait tout de même encore beaucoup de monde dans les rues, comment allait-elle s’y prendre pour attirer quelqu’un dans sa toile ? Tout simplement en marchant et en offrant quelques fois un petit sourire charmeur aux hommes qui lui semblaient intéressant en termes de repas. Bien entendu, chasser de cette manière prenait du temps, et cela la comtesse l’apprit bien vite. La plupart des hommes qui croisaient sa route ne lui donnaient absolument pas envie de planter ses crocs dans leur chair, au contraire ils la dégoûtaient. Trop vieux, pas assez beau, ou encore trop mal habillé ; certes elle était difficile mais que voulez-vous, une noble comme elle ne pouvait se permettre de mordre n’importe qui, ça non, elle avait tout de même un certain standing à respecter. Attirant les regards de bon nombre de passants, aucun ne sembla remarquer que, dans les vitrines des magasins bordant les rues, le reflet de cette femme n’apparaissait pas, sans quoi cela aurait été l’incompréhension, voire même la panique. Après un moment à parcourir les rues de Shatter Bay, un jeune homme plutôt mignon attira l’attention de la comtesse ; afin de lui faire comprendre qu’il ne la laissait pas indifférente, elle lui offrit son plus beau sourire, accompagné d’un petit clin d’œil se voulant coquin. Sans plus de cérémonie, le jeune homme, qui devait être âgé d’environ vingt ans, se mit à marcher en sa compagnie. Elle discutait avec lui, riant à ses plaisanteries, oui, il serait parfait pour ce soir.
Passant son bras autour de celui de sa future victime, Isabella l’emmena doucement à l’écart des grandes artères de la cité, s’enfonçant légèrement dans les ruelles, juste assez pour être à l’abri des regards indiscrets. Une fois certaine d’être assez cachée des éventuels curieux, elle fit halte, adressa un sourire charmeur à sa proie, et fit mine de s’adosser contre un mur, lui faisant signe du doigt de s’approcher. Il y avait tant d’émotions et d’informations qui se bousculaient dans la tête du jeune homme qu’il s’approcha d’Isabella sans hésiter, étant à mille lieues de s’imaginer qu’il fonçait tête baissée vers une prédatrice. Leurs corps se collèrent l’un à l’autre et ils échangèrent un baiser passionné, Isabella entoura la nuque du jeune homme de ses bras, ce dernier glissa ses mains sur les hanches de la comtesse. Les hommes étaient si faibles ! Elle n’avait même pas eu le besoin de l’hypnotiser pour le conduire à elle, il était venu tout seul comme un grand garçon ; si ils étaient tous comme ça dans cette ville, elle n’aurait aucun mal à se sustenter régulièrement. Il était pourtant venu le moment d’en finir, cette petite mascarade n’avait que trop duré.
Alors que le petit polisson remontait déjà ses mains afin de venir profiter de la poitrine d’Isabella, cette dernière enfoui son visage dans le cou du malheureux, et avant même qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, elle planta ses canines dans la chair de l’inconscient. Elle commença alors à boire le sang du jeune homme qui, petit à petit, perdait connaissance au fur et à mesure que son liquide vital lui était enlevé. Si quelqu’un venait à passer dans les alentours, il n’aurait vu là qu’un couple s’embrassant à l’abri des regards dans un tendre moment d’intimité toute relative, mais il n’en était bien sûr rien, un œil plus avertit comme celui d’un chasseur remarquerait tout de suite la situation. Doucement, Isabella recula son visage, un fin sourire aux lèvres.
-Hmmm, köstlich…Elle relâcha son étreinte et le corps inconscient du jeune homme tomba mollement à ses pieds. Elle ne lui avait pas volé tout son sang, non, il pourrait encore vivre ; certes c’était une vampire mais elle n’était pas cruelle au point de tuer de manière gratuite, non, cela risquerait d’attirer l’attention. Le pauvre ère reprendrait ses esprits dans plusieurs heures, il sera affaiblit certes, mais encore en vie, juste une petite anémie mais rien de grave. Délicatement, elle récupéra du bout des doigts le fin filet de sang qui coulait depuis la commissure de ses lèvres, avant de les lécher afin de récupérer le précieux liquide carmin. C’est alors qu’elle remarqua qu’elle n’était pas seule, il y avait une autre personne dans la ruelle et cette personne venait d’assister à son repas, voilà qui était des plus désagréables, elle qui avait prit assez de précautions pour ne pas en arriver à cette situation. Mais il ne fallait pas qu’elle laisse paraître le moindre signe d’agacement, il lui fallait avoir une certaine retenue et paraître totalement détendue. Tout en se tournant vers l’inconnue, car oui il s’agissait d’une femme, la comtesse glissa au coin de ses lèvres son indispensable porte-cigarettes argenté qui ne la quittait jamais et au bout duquel se trouvait déjà un de ces petits bâtonnets de poison ; bâtonnet de poison dont elle enflamma l’extrémité à l’aide de son briquet gravé aux armoiries Von Carstein avant de poser sur l’inconnue un regard scrutateur. La main gauche soutenant son coude droit, sa main droite tenant le porte-cigarette à hauteur de son visage, elle esquissa un petit sourire amusé à l’attention de la petite curieuse qui, il fallait bien l’admettre, était parvenue à la surprendre.
-Bonsoir, kleine fräulein, n’est-il pas un peu tard pour une kleines mädchen de traîner dans les rues de la ville ?